Présentation du programme
L’objectif général du Programme « Economie Bleue, Pêche et Aquaculture » est de contribuer au développement économique de l’Algérie en développant durablement l’Economie Bleue (EB) notamment dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture en cohérence avec les actions que le Gouvernement algérien sera amené à lancer au titre de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour l’Economie Bleue (SNEB).

La logique d’intervention du projet s’articule autour des actions phares prévues par la SNEB avec une attention particulière portée au développement des activités de pêche et d’aquaculture. Il s’agit d’un secteur clé réparti sur l’ensemble de la bande côtière du pays (plus de 2000 km) et capable de fédérer l'ensemble des intervenants sectoriels de l’EB. Le présent programme a pour but d’accompagner le développement des opportunités économiques du secteur au profit des communautés côtières, d’une utilisation rationnelle des ressources et de la sauvegarde de l'environnement.
Le projet « Economie Bleue – Pêche et Aquaculture » vient ainsi appuyer l’opérationnalisation de la SNEB-2030 autour de trois objectifs spécifiques (OS) et dix résultats.

• OS1 – L’économie bleue soutient la création d'emplois, de valeur et de nouvelles opportunités d'investissement au profit des communautés côtières par la diversification des services, l’innovation, la mise en place de la Planification des Espaces Maritimes (PEM) et la promotion de l’aquaculture marine et continentale ;
• OS2 – Les revenus et les conditions de travail des pêcheurs artisans sont améliorés ;
• OS3 – L’Algérie dispose des capacités opérationnelles pour assurer le suivi, le contrôle et la gestion de la pêche sur l’ensemble de son territoire en répondant aux définitions et exigences d’encadrement et de rapportage auprès des instances régionales de régulation (CGPM, CICTA).

La présente mission est liée de manière étroite aux objectifs spécifiques OS1 et OS2, avec une attention particulière en ce qui concerne la promotion d’une aquaculture et d’une durable, compétitive, diversifiée et sûre vis-à-vis de la santé du consommateur.

Contexte de la mission

L'aquaculture en Algérie a franchi une étape importante dans son développement, atteignant une production annuelle d'environ 5 000 tonnes. Les prévisions sont optimistes, annonçant un doublement de ce chiffre d'ici cinq ans et un triplement au cours des dix prochaines années.
Cette production provient principalement de la pisciculture marine, où une dizaine d'entreprises spécialisées élèvent la dorade et le loup de mer dans des cages flottantes en HDPE. Le cadre institutionnel a également évolué avec un soutien technique et scientifique renforcé, ainsi qu'une réglementation adaptée pour accompagner la croissance du secteur.

Cependant, l'aquaculture algérienne reste fortement dépendante des importations d'intrants, notamment les alevins et les aliments pour poissons. Un enjeu stratégique majeur pour le développement du secteur réside dans l'implantation d'écloseries marines locales, afin de réduire cette dépendance.
Actuellement, l'importation d'alevins en provenance d'Europe expose le secteur à des risques liés à la qualité, à la traçabilité et à l'adaptation des alevins aux conditions locales. La création d'écloseries en Algérie offrirait plusieurs avantages, tels qu'un contrôle accru sur la qualité génétique des alevins, une meilleure traçabilité, ainsi que la production d'alevins adaptés aux écosystèmes marins algériens. Cela permettrait également de diminuer la dépendance vis-à-vis des excédents européens, tout en offrant plus d'autonomie et de flexibilité aux pisciculteurs locaux.

À ce jour, la seule écloserie marine en Algérie est la Ferme pilote d'aquaculture marine de Bou Ismaïl, gérée par le Centre National pour la Recherche et le Développement de la Pêche et l'Aquaculture (CNRDPA). Le personnel y a été formé dans le cadre de divers programmes, et les techniques de production d'alevins de dorade sont désormais maîtrisées. Des opérations expérimentales de reproduction et d’alevinage sont régulièrement menées au sein de cette infrastructure.

Cette écloserie pourrait jouer un rôle clé dans l'implantation d'écloseries commerciales en Algérie, en servant d'unité pédagogique pour la formation pratique des ingénieurs aquacoles dans les techniques de reproduction et d'alevinage.
Par ailleurs, en l'absence d'infrastructures adéquates pour la formation pratique dans les programmes de 3ème cycle en aquaculture, la ferme marine de Bou Ismaïl pourrait combler ce manque en offrant un espace propice aux stages pratiques pour les étudiants en master. Grâce à des conventions de partenariat entre le CNRDPA et les universités, Bou Ismaïl deviendrait une plateforme idéale pour permettre aux étudiants de développer des compétences pratiques en reproduction, alevinage, gestion d’écloserie, et recherche appliquée. Cela renforcerait à la fois la formation académique et la recherche en aquaculture dans le pays.

Toutefois, elle fait face à certaines limitations, notamment en matière de production d'aliment vivant de qualité et en quantité suffisante, d'expérience dans la reproduction et l'alevinage du loup de mer, ainsi que de compétences pour mener des recherches appliquées et pour fonctionner pleinement comme unité pédagogique.