En Haïti, le contexte général reste extrêmement difficile, marqué par l’insécurité et le faible niveau de l’activité économique.

Cette année, la situation sécuritaire a continué de se détériorer de manière inquiétante sur tout le territoire et le pays était pratiquement paralysé jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gouvernement en juin 2024 et des premiers contingents de policiers étrangers issus de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) mise en place par les Nations Unies. Une relative accalmie permet actuellement à l’appareil politique et aux forces de sécurité haïtienne de reprendre leur souffle après 4 mois de troubles exacerbés, bien que l’ONU estime que toujours 80 % de la capitale Port-au-Prince seraient contrôlés par différents gangs. Seule, la police nationale semblerait incapable de faire face à ces réseaux mafieux et ultra violents.

Dans un tel contexte, les défis macroéconomiques sont donc multiples, notamment la faible croissance, le niveau élevé du financement monétaire du déficit public, le niveau élevé de l’inflation, les mouvements du taux de change et le niveau des réserves de change.La douane haïtienne – Administration générale des Douanes (AGD) – est responsable d’assurer une mission de protection en matière de sécurité publique (contrôle des importations illicite d’armement), une mission économique consistant à favoriser l’essor des activités liées au commerce international et une mission fiscale permettant de mobiliser des recettes pour le compte de l’Etat haïtien. Le contrôle des flux douaniers est ainsi au cœur du processus de stabilisation du pays, condition sine qua none de toute action de développement.

Expertise France intervient en appui à la réforme de l’Etat Haïtien depuis 2016 dans le cadre d’un programme financé par l’Union Européenne (State Building Contrat II). Ce programme a permis de financer une mission de diagnostic de l’Administration Générale des Douanes (AGD) en juin 2023 et de proposer un plan d’action orienté autour de trois axes :

1. L’amélioration de l'organisation de l’AGD : par le développement d’une culture de contrôle interne et de maîtrise des risques (y compris déontologiques) ;  la vérification de la conformité de l’application des processus métiers, ainsi que la mise en place de mécanismes de surveillance et de contrôle des risques destinés à lutter contre les pratiques déviantes ; l’utilisation des technologies de l’information dans un souci d’amélioration de l’efficacité, de la transparence et de l’exactitude des processus douaniers ; mais aussi le renforcement des capacités du personnel et la structuration des statuts.

2. L’amélioration des procédures douanières : par la simplification des procédures douanières pour les opérateurs économiques afin de favoriser l’expansion des flux commerciaux licites tout en réduisant les lourdeurs bureaucratiques ou procédurales.
   

3. L’amélioration des équipements et des infrastructures de l’AGD : par la dotation en équipements spécialisés pour améliorer les capacités de contrôle des flux commerciaux licites (et indirectement des flux illicites), ainsi que la sécurité des agents. L’AGD ambitionne également de doter le Cap haïtien d’un bureau des douanes approprié en vue d’améliorer ses performances.

Ce plan d’action est aligné sur la stratégie nationale de la douane haïtienne : « Plan d’Accroissement des recettes douanières et de la lutte contre la contrebande et les stupéfiants (PARLUCOS) » qui a été validée par l’AGD en novembre 2023 et présenté à plusieurs bailleurs.

Expertise France pourrait servir de catalyseur et d’ensemblier pour des financements complémentaires. USAID, l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne (UE) se sont déjà montrés intéressés et promettent un cofinancement total à hauteur de 16 M€. 

La première mission d’un expert douanier spécialiste des scanners en juin 2024, financée par le projet SBC II, a fait apparaître la nécessité d’adapter notre stratégie d’équipements en système d’inspection cargo des sites portuaires en Haïti. Prévu uniquement à Port au Prince dans un premier temps, l’équipement des sites de Port-Lafiteau, du Terminal Varreux puis de Cap-Haïtien s’avère indispensable pour ne pas créer de détournement de trafic et de distorsion de concurrence entre les opérateurs portuaires avec des conséquences politiques certaines dans un écosystème très sensible.

Ainsi, dans le cadre de l’activité spécifique d’acquisition de scanners de conteneurs pour l’AGD, l’équipe technique douane du programme STREAM a établi un calendrier prévisionnel pour les prochains mois en se consacrant simultanément pour les 3 sites principaux :

o   à l’expression des besoins avec nos partenaires pour définir le type de scanner

o   à la viabilité technique et financière du projet pour les 4 ports principaux d’Haïti (Equipements et Shelters).

o   à la préparation du cahier des charges pour l’appel d’offres.

D’autre part une mission d’assistance technique spécifique aux scanner a eu lieu en octobre 2024 et a permis de consolider un premier planning en développant les phases d’initialisation, de permis de construire, d’appel d’offres, d’exécution des travaux pour le génie civil et les scanners ainsi qu’une assistance aux opérations. Un rétroplanning (sous la forme d’un diagramme de Gantt) profile le projet jusqu’à mi-2026 et nécessite le support d'un professionnel hautement qualifié pour renforcer l’équipe Douane EF afin de superviser, de coordonner et d’assurer l’acquisition d’un ou de plusieurs scanners et leur parfaite insertion dans le fonctionnement de la douane haïtienne.