1       Contexte

1.1      Contexte général

Le Cameroun connaît un taux d’urbanisation parmi les plus élevés d’Afrique subsaharienne, avec 55 % de la population vivant en zone urbaine en 2020, une proportion projetée à 70 % d’ici 2050 pour une population estimée à 34 millions d’habitants. Cette urbanisation rapide s’accompagne d’un équilibre territorial unique, où Yaoundé et Douala représentent ensemble 27 % de la population urbaine, tandis que 27 % se répartissent dans les villes secondaires et 29 % dans les petites villes de moins de 50 000 habitants. Cette répartition représente un atout stratégique pour une planification urbaine équitable et un développement territorial durable.

Cependant, cette croissance urbaine non maîtrisée engendre d’importants défis : montée de l’économie informelle, dégradation de l’accès aux services sociaux de base, problèmes croissants de pollution, d’assainissement, et de mobilité urbaine, et une paupérisation accrue de certains groupes. Ce contexte est aggravé par les flux de déplacés internes et le déficit structurel en matière de gouvernance urbaine.

Pour y répondre, le programme « Cameroun Villes Vertes Inclusives et Durables », financé par l’Union européenne dans le cadre du Programme indicatif multi-annuel 2021-2027 en République du Cameroun « Pacte vert, développement durable et action pour le climat », ambitionne d’accompagner la transition vers une urbanisation durable, verte et inclusive. Aussi, il se concentre principalement sur la mise en œuvre de la priorité 3 dudit PIM 2021-2027, tout en contribuant également à la priorité 1 « Gouvernance, démocratisation, paix et stabilisation », en soutenant le processus de décentralisation et les capacités des autorités décentralisées, et à la priorité 2 « Croissance inclusive, emplois durables et secteur privé ». Pour cela, l’Union européenne (UE) mobilise un budget de 24 millions d’euros.

L’appui de l’UE s’inscrit dans une démarche visant à soutenir la transition vers une urbanisation durable, verte et inclusive. À Yaoundé, les actions sur la mobilité durable et la professionnalisation des opérateurs de transport urbain, la fluidification de la circulation en ville combinée à un partage modal en faveur des modes plus capacitaires et durables contribueront à la protection de l’environnement et à l’atténuation du changement climatique. À Douala, l’action sur les déchets bénéficiera à tous les écosystèmes de la ville et contribuera fortement à la protection de l’environnement.

1.2      Présentation du projet

Le programme « Cameroun Villes Vertes Inclusives et Durables », vise à améliorer le cadre de vie des populations urbaines au Cameroun, avec une attention particulière pour les femmes et les groupes vulnérables. Il s'inscrit dans une démarche globale de durabilité et de résilience et entend contribuer à transformer les villes en espaces inclusifs et fonctionnels.

Dans ce cadre, Expertise France contribue directement à cet objectif à travers la mise en œuvre de l’objectif spécifique 1 (OS1) : renforcer la gouvernance du secteur urbain et le cadre de dialogue sur les aspects du développement urbain durable, inclusif et résilient face au changement climatique, tout en soutenant le processus de décentralisation.

Pour ce faire, Expertise France bénéficie d’un financement de 4,9 millions d’euros sur une période de 48 mois (2023-2026) pour le mise en œuvre du Projet « La Plateforme Urbaine au Cameroun » (PUC). Ce projet est porté par une équipe permanente de 12 personnes basée à Yaoundé, appuyée par les ressources et expertises du siège d’Expertise France à Paris.

Le Projet PUC, élément clé du programme, a pour ambition d’améliorer les politiques publiques afin de promouvoir des villes durables et inclusives. Ses deux objectifs spécifiques sont les suivants :

è Objectif spécifique 1 : Renforcer les mécanismes de gestion du territoire et de planification urbaine

è Objectif spécifique 2 : Améliorer la connaissance et renforcer l’accessibilité des données urbaines, incluant les enjeux d’inclusion et de résilience.

Théorie du changement :

La théorie du changement du projet est la suivante :

Mode opératoire :

Le mode opératoire du Projet et les interactions entre ses activités est représenté comme suit :

Au centre du dispositif, la Plateforme nationale des acteurs de l’urbain (ou la Plateforme), un espace de concertation multi-acteurs dédié à la co-construction et au dialogue. Cette plateforme s’articule autour de quatre fonctions principales :

• Partage d’informations : diffusion des actualités sectorielles, des projets et des outils pratiques.
• Concertation et apprentissage mutuel : échange d’expériences et renforcement des compétences des acteurs.
• Suivi-évaluation et capitalisation : mise en œuvre des recommandations et bilan des actions menées.
• Prise de décisions : identification des thématiques prioritaires, sélection des participants aux groupes de travail et validation des livrables.

La Plateforme, qui ne se réunit que deux fois par an, s’appuie sur un bras technique constitué de groupes de travail thématiques (GT). Ces groupes sont conçus comme des outils essentiels pour approfondir les réflexions spécifiques et alimenter les débats au sein de la Plateforme.

De plus, cette dynamique de concertation est renforcée par son prolongement numérique, la Plateforme Digitale Collaborative (PDC). Cet espace digital dédié facilite le partage des données, la capitalisation des connaissances, et offre des outils d’aide à la décision pour accompagner efficacement les acteurs dans leurs actions.

Synthèse des activités et perspectives 2025-2026:

En un an et demi de mise en œuvre, le projet a connu des avancées majeures, consolidant son impact à travers plusieurs actions structurantes. Le dialogue inter-acteurs et la visibilité du projet ont été renforcés par l’organisation de 50 activités et la participation à des événements nationaux et internationaux tels que la Journée Mondiale de l’Habitat (JMH) et le Forum Urbain Mondial (FUM). La Plateforme des acteurs de l’urbain a rassemblé ses 65 membres à trois reprises, favorisant un dialogue structuré entre les parties prenantes. Pour approfondir les échanges, des Groupes de travail thématiques ont été mis en place, dont le premier est consacré à la revue du cadre normatif du développement urbain. La phase de diagnostic de cette revue a été achevée en janvier 2025.

Le renforcement des capacités des acteurs de l’urbain est également en bonne voie. Quatre curricula de formation aux métiers de la Ville, en cours de finalisation avec le PNFMV, permettront de former 140 agents des collectivités territoriales décentralisées et des services déconcentrés de l’État. Par ailleurs, un atelier participatif, mené avec l’appui des Ateliers de Cergy, a permis de co-construire des propositions d’aménagement pour Nkong Nouma, futur pôle de développement en lien avec la construction de la voie de contournement de Yaoundé. Ces travaux ont abouti à un carnet de propositions mis à disposition des parties prenantes.

Sur le volet technique et numérique, des outils structurants ont été développés pour améliorer la gestion urbaine. Un référentiel géographique à grande échelle a été intégré sur OpenStreetMap, et une Base d’Adressage Numérique Ouverte (BANOC) a été mise en place pour alimenter la Plateforme digitale collaborative en cours de développement. En complément, une méthodologie de cartographie participative a été conçue pour harmoniser les données en vue de la mise en place d’un cadastre polyvalent.

Avec ces réalisations, le projet prévoit d’atteindre un taux de mise en œuvre de 55 % d’ici le premier trimestre 2025, marquant une avancée significative vers ses objectifs.

En 2025-2026, les actions s’articuleront autour de plusieurs axes pour poursuivre la dynamique engagée.

Ø  Sur le plan de la concertation, nous organiserons quatre réunions de la plateforme nationale et 28 sessions des groupes de travail. Le GT1 poursuivra sa contribution à l’élaboration de la revue du cadre normatif de l’urbanisme, avec la livraison d’un Plan d’Action et d’un Code de l’Urbanisme, ainsi que la mise à jour des guides méthodologiques. Parallèlement, le GT3 supervisera l’élaboration de la politique et de la stratégie dédiées à l’hygiène, la salubrité et la gestion des ordures ménagères.

Ø  Concernant le renforcement des capacités, les formations aux métiers de la ville seront effectuées par le PNFMV, et nous poursuivrons la collaboration avec la NASLA dans le cadre de la mise en en place d’une formation sur l’intégration.  Enfin un programme d’éducation environnementale sera également lancé dans un territoire pilote qui reste à définir, pour sensibiliser les populations. Ce travail interviendra suite aux travaux d’élaboration de la politique et de la stratégie dédiées à l’hygiène, la salubrité et la gestion des ordures ménagères.

Ø  Concernant les activités de sensibilisation et communication, nous poursuivrons les éditions des Cafés Urbains, dont le prochain se tiendra pendant les JEICOM, accompagnerons la formation des journalistes, et participerons activement à des événements majeurs.

Ø  Sur le volet outils, nous livrerons la Plateforme Digitale Collaborative (PDC) et le cadastre polyvalent, en continuant notre collaboration avec le MINDDEVEL pour le déploiement du SIGCOM et des formations associées. En 2026, nous développerons une application smart-city pour rapprocher les administrés des administrations locales.