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Réf.
2025/EOITCAILPDR/12435

Type d'offre
Experts

Type de contrat
Contrat de prestation de services

Domaines d'expertises
Facilitation des affaires et intégration économique régionale

Date limite de candidature
16/02/2025 23:55

Durée de la mission
Court terme

Contrat
Indépendant / Entrepreneur Individuel

Durée
25 working days

Description de la mission

Expertise France recrute un(e) Expert(e) court-terme en fiscalité internationale dans le cadre d’un projet d’assistance technique intitulé « Appui à la rationalisation des dépenses fiscales liées aux accords de concession au Laos » (PARDeFCO), financé par l’Agence Française de Développement (AFD), avec un budget de 600 000 €.

L’expert(e) devra fournir des orientations sur les questions de fiscalité internationale, en mettant spécifiquement l’accent sur les risques liés à l’érosion de la base d'imposition et au transfert de bénéfices (BEPS) dans le cadre des accords de concession et des lois sur la promotion des investissements, ainsi qu’évaluer la faisabilité de la mise en œuvre de l’impôt minimum mondial, si applicable (pour les entreprises multinationales dont les revenus annuels dépassent 750 000 000 €), en coordination avec l’expert fiscal référent du projet (KE2).

Les développements récents en fiscalité internationale, notamment le projet BEPS de l’OCDE et l’introduction de l’impôt minimum mondial (pilier deux), soulignent la nécessité pour les gouvernements et les organisations d’aligner leurs politiques et stratégies fiscales sur les normes mondiales émergentes. Les accords de concession et les lois sur les investissements constituent des domaines critiques où les risques potentiels d’érosion de la base fiscale doivent être soigneusement cartographiés pour garantir la conformité aux normes internationales tout en préservant les intérêts nationaux.

Le rôle de l’expert est d’identifier les vulnérabilités, d’évaluer les impacts des politiques et de recommander des mesures concrètes pour renforcer le cadre fiscal en vue de rationaliser les incitations fiscales au Laos.

1. Objectifs de la mission

Les objectifs de cette mission sont :

  • Cartographier et analyser les risques de BEPS associés aux accords de concession et aux lois sur la promotion des investissements en vigueur.
  • Fournir des recommandations et des propositions pour atténuer ces risques tout en maintenant un climat d’investissement compétitif.
  • Élaborer une étude de pré-faisabilité sur la mise en œuvre de l’impôt minimum mondial.

2. Périmètre de la mission

L’expert(e) sera chargé des tâches suivantes :

2.1 Cartographie des risques de BEPS

  • Réaliser une analyse approfondie des accords de concession et des lois sur les investissements pour identifier les zones vulnérables au BEPS.
  • Évaluer l’impact de l’abus des conventions fiscales, du transfert de bénéfices et des pratiques fiscales dommageables dans le contexte de ces accords.
  • Examiner la conformité avec les actions du BEPS de l’OCDE, notamment sur les régimes préférentiels dommageables (action 5), l’abus des conventions fiscales (action 6), la déductibilité des intérêts (action 4) et les prix de transfert.
  • Proposer des recommandations pour combler les lacunes des cadres juridiques et réglementaires.

2.2 Étude de pré-faisabilité sur l’impôt minimum mondial

  • Évaluer la préparation de la juridiction à la mise en œuvre de l’impôt minimum mondial (pilier deux de l’OCDE).
  • Analyser les implications fiscales, juridiques et administratives de l’introduction de l’impôt minimum mondial.
  • Étudier les impacts potentiels sur les investissements directs étrangers (IDE), les recettes fiscales et l’environnement économique global.
  • Préparer une feuille de route pour une mise en œuvre progressive, y compris l’identification des besoins en renforcement des capacités pour l’administration fiscale.

3. Livrables

  • Rapport de cartographie des risques : une analyse détaillée des risques de BEPS liés aux accords de concession et aux lois sur les investissements, avec des recommandations concrètes (cadres fiscaux, juridiques et réglementaires).
  • Rapport d’étude de pré-faisabilité : un rapport complet sur la mise en œuvre potentielle de l’impôt minimum mondial, incluant une analyse des impacts fiscaux et une feuille de route progressive.

Description du projet ou contexte

En tant que pays le plus pauvre de la région d'Asie du Sud-Est, le Laos souffre actuellement d'un environnement macroéconomique instable et n’a pas réussi à maintenir la croissance économique des deux dernières décennies (avec un taux moyen de 7 % entre 2000 et 2020). En effet, ce pays enclavé a récemment connu plusieurs années consécutives de déficit public (5,8 % du PIB), d’inflation (plus de 20 %) et de dépréciation monétaire (une chute de 50 %), ce qui a entraîné une dette publique atteignant 112 % du PIB en 2023, soit un doublement par rapport à la période pré-pandémie de Covid-19, avec une majorité de cette dette détenue par des investisseurs étrangers. Par conséquent, l’État manque de marges budgétaires pour investir dans les secteurs sociaux – les dépenses publiques en éducation ont chuté de 3,2 % à 1,4 % du PIB en dix ans. Ce désengagement risque de compromettre les progrès réalisés dans la réduction de la pauvreté et oblige l’État Lao à s’engager dans une course aux accords de concession à grande échelle, négligeant les préoccupations environnementales afin d’attirer les investissements directs étrangers (IDE), notamment dans les projets hydroélectriques. Le Laos vise à devenir la "batterie" de la sous-région grâce à sa position stratégique dans le bassin du Mékong.

Au cours des deux dernières décennies, la croissance économique a été principalement tirée par des secteurs fortement capitalistiques, avec peu de créations d’emplois formels. Le gouvernement Lao n’a pas su tirer parti de cette période favorable pour investir dans un système fiscal robuste, équitable et efficace. La mobilisation des recettes domestiques (MRI) est ainsi restée déconnectée de l’activité économique, les recettes fiscales n’augmentant pas proportionnellement au PIB. En effet, les secteurs les plus dynamiques, comme la construction et l’exploitation des ressources naturelles, ont été exemptés de taxes, le Laos ayant priorisé les incitations fiscales pour accroître son attractivité internationale. Par conséquent, le ratio impôts/PIB reste le plus bas de la région Asie-Pacifique (9,7 % du PIB contre 20 % en moyenne dans la région). Cette faible pression fiscale, en partie due à un système d’exemptions trop généreux, à un faible respect des obligations fiscales et à un secteur informel omniprésent, empêche le système fiscal de réduire efficacement les inégalités grâce à des mécanismes redistributifs – le Laos reste le seul pays de la région à avoir connu une augmentation des inégalités.

Sur cette base, le projet d’assistance technique (AT) proposé s’articule autour d’un objectif stratégique général visant à améliorer le cadre de mobilisation des recettes fiscales issues des accords de concession au Laos (dans les secteurs des mines, de l’hydroélectricité et des infrastructures de transport).

L’une des composantes stratégiques du projet se concentre sur la rationalisation des incitations fiscales accordées dans le cadre de ces accords de concession.

Bien que conçues pour attirer des investissements, les incitations fiscales peuvent involontairement créer des opportunités pour l’érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS). Selon le projet BEPS de l’OCDE lancé en 2013, le BEPS désigne des stratégies d’évitement fiscal exploitant les failles et incohérences des règles fiscales pour transférer artificiellement les bénéfices vers des juridictions à faible fiscalité ou sans fiscalité. L’octroi d’incitations fiscales en tant qu’exceptions au régime fiscal général peut accroître l’exposition des recettes publiques à ces pratiques, compromettant l’intégrité du système fiscal.

Dans une économie de plus en plus mondialisée, le principe selon lequel les bénéfices doivent être imposés là où les activités économiques ont lieu et où la valeur est créée souligne l’importance de la coopération internationale. Les États doivent travailler collectivement pour freiner les pratiques fiscales dommageables, assurant ainsi un environnement fiscal international stable et transparent qui limite les risques d’évasion fiscale tout en favorisant l’investissement.

Dans le contexte du Laos, les incitations fiscales offertes dans le cadre du dispositif de promotion des investissements, notamment dans les accords de concession, nécessitent une surveillance rigoureuse pour garantir leur alignement avec les actions BEPS de l’OCDE, notamment les actions 4, 5 et 6. Le cadre actuel des exemptions et incitations fiscales révèle une combinaison de réglementations structurées et de pratiques discrétionnaires, donnant lieu à un système complexe et parfois opaque. Ces concessions sont principalement régies par le Décret sur les PPP (2020), la Loi sur la promotion des investissements (2016) et des législations sectorielles telles que la Loi sur l’électricité (2017) et la Loi sur les minerais (2017). Au fil des ans, ces outils juridiques ont joué un rôle clé dans l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) dans des secteurs stratégiques tels que l’hydroélectricité, les mines et les infrastructures. Cependant, il est crucial de s’assurer que ces incitations ne facilitent pas les pratiques BEPS, afin de préserver la stabilité fiscale du pays et de favoriser une croissance économique durable.

Ce projet a été lancé en septembre 2024. Sa durée estimée est de 18 mois.

Profil souhaité

  • Diplôme avancé en droit, économie, finance ou fiscalité, avec une spécialisation en fiscalité internationale fortement souhaitée.
  • Au moins 10 ans d'expérience professionnelle en politique fiscale internationale, questions liées au BEPS, ou dans des domaines connexes.
  • Connaissance approfondie des plans d'action BEPS de l'OCDE et du cadre fiscal minimum mondial. Une expérience de collaboration avec l'OCDE sur les actions BEPS serait un atout.
  • Expertise avérée dans l'analyse des accords de concession et des lois sur la promotion des investissements sous l'angle de la politique fiscale.
  • Excellentes compétences analytiques, rédactionnelles et en communication en anglais.
  • Bonne compréhension des défis économiques et sociaux en Asie du Sud-Est, ce qui serait un atout.
  • Capacité démontrée à engager un dialogue avec les parties prenantes et à présenter clairement des problématiques complexes.
  • Maîtrise de l'anglais (la maîtrise du français serait un atout pour communiquer avec l'équipe technique).

Informations complémentaires

La mission devrait durer 25 jours ouvrables sur une période de 6 mois (de janvier à juin 2025).

Critères de sélection des candidatures

Le processus de sélection des candidats s'opérera selon le(s) critère(s) suivant(s) :

  • Formation/compétences/expériences du candidat

Date limite de candidature : 16/02/2025 23:55

Expertise France est l’agence publique de conception et de mise en œuvre de projets internationaux de coopération technique. L’agence intervient autour de quatre axes prioritaires :

  • gouvernance démocratique, économique et financière ;
  • paix, stabilité et sécurité ;
  • climat, agriculture et développement durable ;
  • santé et développement humain.

Dans ces domaines, Expertise France assure des missions d’ingénierie et de mise en œuvre de projets de renforcement des capacités, mobilise de l’expertise technique et joue un rôle d’ensemblier de projets faisant intervenir de l’expertise publique et des savoir-faire privés.

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